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Sélénium @ Tableau périodique des éléments chimiques

12345678 910111213141516 1718
IIIIIIbIVb VbVIbVIIbVIIIbIb IIbIIIIVVVI VIIVIII
1H
1.0079
2He
4.0026
3Li
6.9412
4Be
9.0121
5B
10.811
6C
12.010
7N
14.006
8O
15.999
9F
18.998
10Ne
20.179
11Na
22.989
12Mg
24.305
13Al
26.981
14Si
28.085
15P
30.973
16S
32.065
17Cl
35.453
18Ar
39.948
19K
39.098
20Ca
40.078
21Sc
44.955
22Ti
47.867
23V
50.941
24Cr
51.996
25Mn
54.938
26Fe
55.845
27Co
58.933
28Ni
58.693
29Cu
63.546
30Zn
65.409
31Ga
69.723
32Ge
72.641
33As
74.921
34Se
78.963
35Br
79.904
36Kr
83.798
37Rb
85.467
38Sr
87.621
39Y
88.905
40Zr
91.224
41Nb
92.906
42Mo
95.942
43Tc
98.906
44Ru
101.07
45Rh
102.90
46Pd
106.42
47Ag
107.86
48Cd
112.41
49In
114.81
50Sn
118.71
51Sb
121.76
52Te
127.60
53I
126.90
54Xe
131.29
55Cs
132.90
56Ba
137.32
57La
138.90
72Hf
178.49
73Ta
180.94
74W
183.84
75Re
186.20
76Os
190.23
77Ir
192.21
78Pt
195.08
79Au
196.96
80Hg
200.59
81Tl
204.38
82Pb
207.21
83Bi
208.98
84Po
208.98
85At
209.98
86Rn
222.01
87Fr
223.01
88Ra
226.02
89Ac
227.02
104Rf
261.10
105Db
262.11
106Sg
266.12
107Bh
264.12
108Hs
269
109Mt
278
110Ds
281
111Rg
282
112Cn
285
113Nh
286
114Fl
289
115Mc
290
116Lv
293
117Ts
294
118Og
294
Lanthanides58Ce
140.11
59Pr
140.90
60Nd
144.24
61Pm
146.91
62Sm
150.36
63Eu
151.96
64Gd
157.25
65Tb
158.92
66Dy
162.50
67Ho
164.93
68Er
167.25
69Tm
168.93
70Yb
173.04
71Lu
174.96
Actinides90Th
232.03
91Pa
231.03
92U
238.02
93Np
237.04
94Pu
244.06
95Am
243.06
96Cm
247.07
97Bk
247.07
98Cf
251.07
99Es
252.08
100Fm
257.09
101Md
258.09
102No
259.10
103Lr
260.10
Les métaux alcalins Métaux alcalino-terreux Les métaux de transition D'autres métaux Métaloïdes Non-métaux Halogènes Les gaz nobles
Élément

34

Se

Sélénium

78.963

2
8
18
6
Sélénium photo
Propriétés de base
Numéro atomique34
Masse atomique78.963 amu
Famille d'élémentsNon-métaux
Période4
Groupe16
Blocp-block
Année découverte1817
Distribution des isotopes
74Se
0.9%
76Se
9.0%
77Se
7.6%
78Se
23.5%
80Se
49.6%
74Se: 0.99%76Se: 9.93%77Se: 8.39%78Se: 25.94%80Se: 54.75%
74Se (0.99%)
76Se (9.93%)
77Se (8.39%)
78Se (25.94%)
80Se (54.75%)
Propriétés physiques
Densité 4.809 g/cm3 (STP)
H (H) 8.988E-5
Meitnérium (Mt) 28
Fusion221 °C
Hélium (He) -272.2
Carbone (C) 3675
Ébullition685 °C
Hélium (He) -268.9
Tungstène (W) 5927
Propriétés chimiques
États d'oxydation
(moins courant)
-2, +2, +4, +6
(-1, 0, +1, +3, +5)
Potentiel de première ionisation 9.753 eV
Césium (Cs) 3.894
Hélium (He) 24.587
Affinité électronique 2.021 eV
Nobelium (No) -2.33
Cl (Cl) 3.612725
Électronégativité2.55
Césium (Cs) 0.79
F (F) 3.98
Rayon atomique
Rayon covalent 1.16 Å
H (H) 0.32
Francium (Fr) 2.6
Van der Waals rayon 1.9 Å
H (H) 1.2
Francium (Fr) 3.48
34SeWebQC.OrgCovalentVan der Waals
Composés
FormuleNomÉtat d'oxydation
H2SeSéléniure d'hydrogène-2
CdSeSéléniure de cadmium-2
ZnSeSéléniure de zinc-2
MnSe2Diséléniure de manganèse-1
C3H7NO2SeSélénocystéine+1
Se2Cl2Monochlorure de sélénium+1
Se2S6Hexasulfure de sélénium+1
SeCl2Dichlorure de sélénium+2
SeO2Dioxyde de sélénium+4
H2SeO3Acide sélénieux+4
H2SeO4Acide sélénique+6
SeO3Trioxyde de sélénium+6
Propriétés électroniques
Électrons par couche2, 8, 18, 6
Configuration électronique[Ar] 3d104s24p4
Modèle atomique de Bohr
Modèle atomique de Bohr
Diagramme de la boîte orbitale
Diagramme de la boîte orbitale
électrons de valence6
Structure de Lewis en points Sélénium Structure de Lewis en points
Visualisation orbitale
🏠
▶️
📐
Électrons-

Sélénium (Se) : Élément du tableau périodique

Article de synthèse scientifique | Série de référence en chimie

Résumé

Le sélénium, numéro atomique 34, représente un élément critique du groupe 16 du tableau périodique, présentant des propriétés chimiques distinctes qui font le lien entre comportement métallique et non-métallique. Avec une masse atomique standard de 78,971 ± 0,008 u, le sélénium manifeste plusieurs formes allotropiques incluant les structures grises hexagonales, rouges monocliniques et noires amorphes. L'élément démontre des états d'oxydation variables de −2 à +6, les états +4 et +6 étant les plus répandus dans les applications technologiques. Sa configuration électronique [Ar] 3d¹⁰ 4s² 4p⁴ confère des propriétés de photoconductivité uniques qui le rendent indispensable en technologie des semi-conducteurs, dans les cellules photovoltaïques et les procédés xérographiques. Les applications industrielles incluent la production de redresseurs et la fabrication de verres spécialisés, tandis que les technologies émergentes utilisent le sélénium dans les points quantiques et les dispositifs photoniques avancés. L'élément se trouve naturellement à environ 0,05 mg/kg dans la croûte terrestre, principalement associé aux dépôts de minerais sulfurés. Cinq isotopes stables existent, avec ⁷⁸Se représentant 23,77 % d'abondance naturelle et possédant les propriétés nucléaires les plus significatives pour les applications technologiques.

Introduction

Le sélénium occupe la position 34 dans le tableau périodique au sein du groupe 16 (chalcogènes), situé entre le soufre et le tellure dans la famille de l'oxygène. L'élément présente des propriétés intermédiaires entre les non-métaux et les métalloïdes, démontrant un comportement de semi-conducteur qui le distingue des chalcogènes plus légers. Sa configuration électronique [Ar] 3d¹⁰ 4s² 4p⁴ place le sélénium dans la quatrième période avec quatre électrons non appariés dans l'orbitale p externe, établissant la base de ses schémas de réactivité chimique variés.

L'importance de l'élément en chimie moderne découle de ses propriétés de photoconductivité, où la conductivité électrique augmente considérablement sous illumination. Ce phénomène, observé systématiquement à la fin du XIXe siècle, a établi le sélénium comme matériau pionnier dans les applications photoélectriques. La chimie industrielle contemporaine exploite les propriétés du sélénium dans la fabrication de redresseurs, en métallurgie spécialisée et dans des applications semi-conductrices avancées où le contrôle précis des caractéristiques électroniques est essentiel.

La découverte du sélénium par Jöns Jacob Berzelius en 1817 marque une avancée significative en chimie analytique, illustrant l'une des premières identifications d'éléments chimiques par analyse systématique de résidus industriels. Le nom de l'élément provient du mot grec « selene », signifiant lune, reflétant la confusion initiale de Berzelius avec le tellure, nommé d'après le mot latin « tellus » pour terre. Le développement historique de la chimie du sélénium a suivi les progrès de la physique du solide et de la science des matériaux, établissant l'élément comme fondamental pour la technologie électronique moderne.

Propriétés physiques et structure atomique

Paramètres atomiques fondamentaux

Le sélénium possède un numéro atomique de 34 avec une configuration électronique [Ar] 3d¹⁰ 4s² 4p⁴, le plaçant dans le groupe des chalcogènes avec six électrons de valence. Le rayon atomique mesure 120 pm, tandis que le rayon covalent s'étend à 120 pm et le rayon ionique varie de 50 pm pour Se⁶⁺ à 198 pm pour Se²⁻. Ces paramètres radiaux reflètent la position intermédiaire du sélénium entre le soufre (rayon atomique 100 pm) et le tellure (rayon atomique 140 pm), démontrant des tendances périodiques caractéristiques du groupe 16.

La charge nucléaire effective ressentie par les électrons de valence est d'environ 6,04, expliquant l'effet d'écran des orbitales d qui distinguent le sélénium des chalcogènes plus légers. L'énergie de première ionisation mesure 941,0 kJ/mol, nettement inférieure à celle du soufre (999,6 kJ/mol), alors que les énergies successives d'ionisation augmentent à 2045 kJ/mol (deuxième) et 2973,7 kJ/mol (troisième). L'affinité électronique présente une valeur de 195,0 kJ/mol, indiquant une tendance modérée à accepter des électrons et former des anions.

L'électronégativité du sélénium est de 2,55 sur l'échelle de Pauling, le plaçant entre le soufre (2,58) et le tellure (2,1). Cette électronégativité intermédiaire facilite la formation de composés ioniques et covalents, selon la nature des partenaires de liaison. Le sélénium présente généralement des états d'oxydation de −2, +2, +4 et +6, les états +4 et +6 étant les plus courants dans des composés stables aux conditions normales.

Caractéristiques physiques macroscopiques

Le sélénium manifeste plusieurs formes allotropiques avec des propriétés physiques et des arrangements structuraux distincts. Le sélénium hexagonal gris, forme thermodynamiquement stable aux conditions normales, cristallise dans un système hexagonal avec des paramètres de réseau a = 4,3662 Å et c = 4,9536 Å. Cet allotrope présente une apparence métallique avec une densité de 4,81 g/cm³ et démontre des propriétés semi-conductrices avec une énergie de bande interdite d'environ 1,74 eV.

Le sélénium monoclinique rouge se forme par refroidissement rapide à partir de la phase liquide, affichant une coloration rouge foncée et une densité de 4,46 g/cm³. La structure cristalline contient des molécules cycliques Se₈ organisées dans un réseau monoclinique de groupe spatial P2₁/n. Le sélénium amorphe noir, obtenu par précipitation chimique ou trempe rapide, manque d'ordre à longue distance et présente une densité de 4,28 g/cm³. Cette forme démontre une photoconductivité supérieure à celle des modifications cristallines, la rendant particulièrement précieuse en xérographie.

Les propriétés thermiques incluent un point de fusion de 221,0°C et un point d'ébullition de 685,0°C, indiquant une volatilité modérée comparée aux autres éléments du groupe 16. L'enthalpie de fusion mesure 6,69 kJ/mol, tandis que l'enthalpie de vaporisation atteint 95,48 kJ/mol. La capacité thermique à pression constante est de 0,321 J/(g·K) à 25°C. Le coefficient de dilatation thermique mesure 3,7 × 10⁻⁵ K⁻¹, et la conductivité thermique est de 0,52 W/(m·K) à température ambiante.

La résistivité électrique varie considérablement selon la forme allotropique et les conditions d'illumination. Le sélénium gris présente une résistivité d'environ 10⁻³ Ω·m dans l'obscurité, diminuant de plusieurs ordres de grandeur sous illumination. Ce phénomène de photoconductivité résulte de la promotion induite par la lumière des électrons depuis la bande de valence vers la bande de conduction, créant des paires électron-trou qui augmentent la conductivité électrique.

Propriétés chimiques et réactivité

Structure électronique et comportement de liaison

La configuration électronique du sélénium [Ar] 3d¹⁰ 4s² 4p⁴ établit la base de son comportement chimique, les quatre électrons dans la sous-couche p externe créant des possibilités de liaisons variées. L'élément forme facilement des liaisons covalentes par hybridation sp³ dans des composés tels que H₂Se et les sélénides organiques, tandis que les états d'oxydation élevés impliquent la participation des orbitales d via des configurations à couche de valence étendue.

Dans l'état d'oxydation −2, le sélénium adopte une géométrie tétraédrique autour des partenaires de liaison, similaire aux composés du soufre mais avec des longueurs de liaison plus grandes reflétant son rayon atomique accru. La longueur typique de liaison Se-H mesure 146 pm comparée à 134 pm pour les liaisons S-H, tandis que les liaisons Se-C varient entre 194 et 198 pm selon l'état d'hybridation du carbone. Les énergies de dissociation des liaisons Se-H (334 kJ/mol) et Se-C (272 kJ/mol) sont systématiquement inférieures à celles des liaisons sulfurées correspondantes.

Les composés du sélénium à l'état +4 adoptent généralement des géométries pyramides carrées ou octaédriques par hybridation sp³d ou sp³d². Le dioxyde de sélénium (SeO₂) présente une géométrie moléculaire coudée avec une longueur de liaison Se-O de 161 pm et un angle de liaison O-Se-O de 113°. L'état +6 apparaît dans les sélénates où le sélénium adopte une coordination tétraédrique avec des longueurs de liaison Se-O d'environ 162 pm.

La chimie de coordination révèle la capacité du sélénium à former des complexes stables avec les métaux de transition, particulièrement dans des environnements donneurs mous. Les ligands sélénure montrent une donation π plus forte que leurs analogues sulfure, entraînant une covalence accrue dans les liaisons métal-sélénium. Les composés organosélénés présentent des motifs structuraux variés, incluant les sélénéthers, les sélénoesters et les disélénes avec des longueurs de liaison Se-Se caractéristiques de 233 à 237 pm.

Propriétés électrochimiques et thermodynamiques

Les valeurs d'électronégativité du sélénium s'échelonnent à 2,55 (Pauling), 2,51 (Mulliken) et 2,42 (Allred-Rochow), reflétant une capacité modérée d'attraction électronique intermédiaire entre le soufre et le tellure. Ces valeurs corrélatent avec la tendance du sélénium à former des liaisons covalentes polaires avec des éléments électropositifs tout en conservant un caractère ionique avec les métaux très électropositifs.

Les potentiels de réduction standards démontrent la versatilité redox du sélénium à travers plusieurs états d'oxydation. Le couple SeO₄²⁻/Se présente E° = +1,15 V, tandis que le couple Se/Se²⁻ montre E° = −0,924 V. Les couples intermédiaires incluent SeO₃²⁻/Se (E° = +0,74 V) et H₂SeO₃/Se (E° = +0,74 V en milieu acide). Ces potentiels indiquent un pouvoir oxydant modéré en états d'oxydation élevés et un comportement réducteur lorsqu'il se convertit en sélénure.

Les énergies successives d'ionisation révèlent des besoins énergétiques croissants : première ionisation 941,0 kJ/mol, seconde 2045 kJ/mol, troisième 2973,7 kJ/mol, quatrième 4144 kJ/mol, cinquième 6590 kJ/mol et sixième 7880 kJ/mol. L'augmentation importante entre les deuxième et troisième ionisations reflète la stabilité de la configuration Se²⁺, tandis que les augmentations suivantes indiquent l'extraction progressive depuis les couches électroniques internes.

La stabilité thermodynamique des composés sélénés varie considérablement selon l'état d'oxydation et l'environnement chimique. Les sélénures présentent généralement des enthalpies de formation négatives, avec l'hydrogène sélénure (H₂Se) montrant ΔH°f = +29,7 kJ/mol, indiquant une instabilité thermodynamique relative aux éléments. Le dioxyde de sélénium démontre ΔH°f = −225,4 kJ/mol, reflétant sa stabilité à l'état +4 en conditions oxydantes.

Composés chimiques et formation de complexes

Composés binaires et ternaires

Le sélénium forme une série complète de composés binaires à travers plusieurs états d'oxydation, les sélénures représentant la catégorie la plus étendue. L'hydrogène sélénure (H₂Se) présente une instabilité thermodynamique avec une enthalpie de formation positive (+29,7 kJ/mol), se décomposant facilement au-dessus de 150°C en éléments constitutifs. Le composé manifeste un comportement acide en solution aqueuse avec pKa₁ = 3,89 et pKa₂ = 11,0, intermédiaire entre l'hydrogène sulfure et l'hydrogène tellurure.

Les sélénures métalliques englobent des types structuraux variés, des composés ioniques simples aux réseaux covalents complexes. Les sélénures alcalins adoptent des structures antifluorite avec un caractère principalement ionique, tandis que les sélénures de métaux de transition présentent des structures en couches ou tridimensionnelles avec des contributions covalentes notables. Le diséléniure de fer (FeSe₂) cristallise dans le type structural pyrite, démontrant des propriétés semi-conductrices précieuses en applications thermoélectriques.

Les oxydes de sélénium incluent le dioxyde de sélénium (SeO₂) et le trioxyde de sélénium (SeO₃), chacun présentant des propriétés structurales et chimiques distinctes. Le dioxyde de sélénium forme des chaînes en état solide avec des atomes d'oxygène pontants, sublimant à 317°C pour produire des molécules monomériques en phase gazeuse. Le composé démontre de fortes propriétés oxydantes et sert de réactif polyvalent en chimie organosélénée.

Les composés halogénés du sélénium couvrent des états d'oxydation de +2 à +6, avec le tétrafluorure de sélénium (SeF₄) et l'hexafluorure de sélénium (SeF₆) particulièrement significatifs. SeF₄ adopte une géométrie pyramide carrée due à l'influence de la paire non liante, tandis que SeF₆ présente une structure octaédrique régulière. Ces composés démontrent une réactivité élevée vis-à-vis de l'humidité et servent d'agents fluorurants en synthèse spécialisée.

Les composés ternaires incluent les sélénates, les sélénites et les chalcogénures complexes à importance technologique. Le sélénate de sodium (Na₂SeO₄) et le sélénite de sodium (Na₂SeO₃) servent de sources de sélénium en chimie analytique et synthèse des matériaux. Les sélénures complexes tels que Cu₂Se et Ag₂Se démontrent une conductivité superionique à température élevée, trouvant des applications en dispositifs électrochimiques à l'état solide.

Chimie de coordination et composés organométalliques

La chimie de coordination du sélénium englobe des environnements ligandaires variés où le sélénium fonctionne à la fois comme atome central et comme ligand. En tant que ligand, le sélénium occupe généralement des positions donneuses molles dans des complexes avec des métaux de transition tardifs, formant des liaisons stables par interactions de donation σ et rétro-donation π. Les complexes sélénures montrent une covalence accrue comparés aux sulfures analogues, entraînant une stabilité thermodynamique plus grande et des propriétés électroniques modifiées.

Les géométries de coordination autour des centres sélénium reflètent la configuration électronique et les exigences ligandaires. Les composés de sélénium(IV) adoptent couramment des arrangements pyramides carrées ou octaédriques, tandis que les espèces sélénium(VI) préfèrent une coordination tétraédrique. Les composés mixtes valents contenant plusieurs états d'oxydation du sélénium présentent des structures électroniques complexes avec des propriétés magnétiques et optiques inhabituelles.

La chimie organosélénée représente un domaine en expansion rapide, englobant les sélénéthers, les sélénoesters, les sélénamides et les catalyseurs organosélénés. Le diphenyl diséléniure (Ph₂Se₂) sert de réactif polyvalent pour l'incorporation du sélénium dans des structures organiques, tandis que la sélénocystéine fonctionne comme le 21e acide aminé dans certains systèmes biologiques. Les composés organosélénés démontrent des schémas de réactivité uniques, incluant la formation/cleavage facile de liaisons Se-Se et un comportement redox actif.

Les hétérocycles contenant du sélénium incluent les séléphènes, les sélénazoles et les benzothiophènes sélénés, qui présentent des propriétés électroniques distinctes de leurs analogues soufrés et oxygénés. Ces composés trouvent des applications en électronique organique, chimie pharmaceutique et science des matériaux où les propriétés uniques du sélénium améliorent la fonctionnalité moléculaire. Les systèmes cycliques contenant du sélénium démontrent généralement une aromaticité réduite comparée aux analogues thiophéniques, mais une polarisabilité et des caractéristiques de transfert de charge améliorées.

Occurrence naturelle et analyse isotopique

Distribution géochimique et abondance

Le sélénium présente une abondance crustale d'environ 0,05 mg/kg (50 ppb), se classant 69e parmi les éléments en distribution terrestre. Cette faible abondance reflète le caractère chalcophile du sélénium et sa tendance à se concentrer dans des environnements riches en sulfures plutôt que dans les matrices silicatées constituant la majeure partie des matériaux crustaux. Son comportement géochimique suit étroitement celui du soufre, entraînant une co-occurrence dans les dépôts de sulfures et les émissions volcaniques.

Les concentrations primaires de sélénium se produisent dans des environnements sédimentaires où des conditions réductrices favorisent la formation et l'accumulation de sélénures. Les formations argileuses contiennent généralement 0,5 à 2,0 mg/kg de sélénium, tandis que les dépôts charbonneux varient de 0,2 à 10 mg/kg selon la source géologique et les conditions de formation. Les dépôts de roches phosphatées peuvent occasionnellement contenir des niveaux élevés de sélénium (10 à 300 mg/kg) via des processus de concentration biogénique.

La distribution du sélénium dans les roches ignées corrèle inversement avec la teneur en silice, les roches mafiques et ultramafiques contenant des concentrations plus élevées (0,1-0,2 mg/kg) comparées aux compositions felsiques (0,01-0,05 mg/kg). Ce schéma de distribution reflète l'affinité du sélénium pour les phases sulfureuses qui se séparent préférentiellement dans les magmas basiques durant les processus de différenciation.

Les environnements hydrothermaux concentrent le sélénium via des mécanismes de transport fluide et de précipitation, créant des dépôts économiquement exploitables associés à la minéralisation des sulfures métalliques. Les principales régions productrices incluent la péninsule de Keweenaw (Michigan), le district de Mansfeld (Allemagne) et des environnements volcaniques au Japon et aux Philippines où les minerais sélénés atteignent des concentrations notables.

Les systèmes marins maintiennent des concentrations dissoutes de sélénium d'environ 0,15 μg/L, principalement sous forme de sélénate (SeO₄²⁻) en eaux oxydées et de sélénite (SeO₃²⁻) en environnements suboxydants. L'absorption biologique par les organismes marins crée des enrichissements localisés, tandis que les sédiments réducteurs agissent comme puits de sélénium via des processus de réduction bactérienne des sulfates qui réduisent simultanément les espèces sélénates.

Propriétés nucléaires et composition isotopique

Le sélénium naturel comprend cinq isotopes stables de masses 74, 76, 77, 78, 80 et 82, présentant des abondances et propriétés nucléaires distinctes. ⁸⁰Se représente l'isotope le plus abondant avec 49,61 % d'abondance naturelle, suivi de ⁷⁸Se (23,77 %), ⁷⁶Se (9,37 %), ⁸²Se (8,73 %), ⁷⁷Se (7,63 %) et ⁷⁴Se (0,89 %). Ces abondances résultent de processus de nucléosynthèse stellaire, particulièrement de captures neutroniques s-processus dans les étoiles géantes asymptotiques.

Les états de spin nucléaire varient entre les isotopes du sélénium, ⁷⁷Se possédant un spin nucléaire I = 1/2 et un moment magnétique μ = +0,535 magnéton nucléaire, le rendant adapté aux applications en spectroscopie RMN. ⁷⁹Se (isotope artificiel) possède I = 1/2 avec un moment magnétique accru, servant de sonde en études structurales des sélénoprotéines et composés organosélénés. Les isotopes à masse paire présentent un spin nucléaire nul, simplifiant l'analyse spectroscopique en caractérisation des composés.

Plusieurs isotopes du sélénium subissent une désintégration radioactive avec des demi-vies s'échelonnant de minutes à des millions d'années. ⁷⁵Se (t₁/₂ = 119,8 jours) subit une capture électronique pour produire ⁷⁵As, trouvant des applications en imagerie médicale et radiothérapie. ⁸¹Se (t₁/₂ = 18,5 minutes) représente l'isotope artificiel le plus couramment produit pour la recherche, se désintégrant par émission β⁻ en ⁸¹Br stable.

Les sections efficaces de capture neutronique varient significativement entre les isotopes du sélénium, les valeurs de capture neutronique thermique s'étendant de 11,7 barns (⁷⁴Se) à 42 barns (⁷⁶Se). Ces valeurs influencent les calculs en physique des réacteurs et les stratégies de production isotopique pour applications spécialisées. Les mesures intégrales de résonance fournissent des données nucléaires additionnelles essentielles aux calculs de transport neutronique en environnements de réacteurs de recherche.

Les études de double désintégration bêta utilisent ⁸²Se comme noyau candidat pour la recherche de double désintégration bêta sans neutrino, pouvant fournir des aperçus sur la masse des neutrinos et la conservation du nombre leptonique. Les expériences actuelles atteignent des sensibilités suffisantes pour contraindre des modèles théoriques, tandis que des technologies de détection améliorées promettent une précision accrue en mesures physiques fondamentales.

Production industrielle et applications technologiques

Méthodes d'extraction et de purification

La production industrielle de sélénium repose principalement sur sa récupération lors des opérations de raffinage électrolytique du cuivre, où le sélénium s'accumule dans les boues anodiques durant l'électrolyse du cuivre. Ces boues contiennent typiquement 3 à 25 % de sélénium avec des métaux précieux et autres impuretés, nécessitant des techniques de séparation sophistiquées pour atteindre des niveaux de pureté commerciale supérieurs à 99,5 %.

Le processus d'extraction commence par la calcination des boues anodiques à 500-600°C en présence de carbonate de sodium et d'une atmosphère oxydante, convertissant le sélénium en sélénite de sodium (Na₂SeO₃) soluble dans l'eau. Le lessivage aqueux suivi de précipitations sélectives élimine le cuivre, le plomb et autres métaux, tout en maintenant le sélénium en solution pour les étapes de récupération suivantes.

La purification emploie la réduction des solutions séléniteuses par le dioxyde de soufre à pH 1-2, précipitant le sélénium élémentaire selon la réaction : H₂SeO₃ + 2SO₂ + H₂O → Se + 2H₂SO₄. Ce processus atteint un rendement de récupération de 95 à 98 % avec une pureté relativement élevée, bien qu'une purification ultérieure élimine les traces de soufre, arsenic et tellure.

La purification finale utilise des techniques de distillation exploitant la volatilité du sélénium à température modérée (point d'ébullition 685°C). La distillation sous vide à pression réduite permet la séparation à des températures plus basses, minimisant la décomposition thermique et atteignant des grades de pureté extrême nécessaires aux applications semi-conductrices. Des méthodes alternatives incluent la purification par zones fondantes et le transport vapeur chimique pour des applications spécialisées exigeant des niveaux de pureté extrêmes.

La production mondiale de sélénium moyenne 2 000 à 2 500 tonnes métriques annuellement, les principaux pays producteurs incluant le Japon, la Belgique, la Russie et les États-Unis. La capacité de production reste étroitement liée aux opérations de raffinage du cuivre, créant des contraintes d'approvisionnement durant les périodes de réduction de la production cuprifère. La volatilité des prix reflète à la fois les limites d'approvisionnement et la demande croissante des applications technologiques émergentes.

Applications technologiques et perspectives futures

Les propriétés photoconductrices uniques du sélénium ont établi ses premières applications technologiques dans les cellules photoélectriques, les photocopieurs xérographiques et les dispositifs redresseurs. La xérographie moderne continue d'utiliser des films de sélénium amorphe pour leurs caractéristiques de rétention de charge et de photoconductivité supérieures, bien que les photoconducteurs organiques concurrencent de plus en plus certains segments de marché.

La technologie semi-conductrice emploie le sélénium dans des applications spécialisées où sa bande interdite intermédiaire (1,74 eV) fournit des propriétés électroniques optimales. Les couches minces à base de sélénium servent dans les cellules photovoltaïques, particulièrement dans les panneaux solaires au diséléniure de cuivre-indium-gallium (CIGS) atteignant des rendements de conversion énergétique supérieurs à 23 %. Le semi-conducteur composé CuInSe₂ présente des caractéristiques de bande interdite directe idéales pour une conversion efficace de l'énergie solaire.

La fabrication du verre utilise le sélénium pour la décoloration et l'obtention de verres rouges rubis. Les additions de sélénium neutralisent la coloration verte induite par le fer dans les verres clairs, tandis que des concentrations contrôlées produisent des verres rouges rubis appréciés en applications artistiques et décoratives. Les formulations de verre optique incorporent le sélénium pour atteindre des caractéristiques d'indice de réfraction et de dispersion spécifiques.

Les applications émergentes incluent la synthèse de points quantiques où les nanoparticules de sélénium démontrent des propriétés optiques dépendant de leur taille, précieuses en technologies d'affichage et imagerie biologique. Les points quantiques CdSe présentent des longueurs d'onde d'émission ajustables à travers le spectre visible, permettant des technologies d'affichage avancées avec reproduction chromatique et efficacité énergétique améliorées.

La recherche en matériaux avancés explore les composés sélénés pour des applications thermoélectriques, où la combinaison de propriétés semi-conductrices et caractéristiques thermiques favorables permet une récupération efficace de chaleur résiduelle. Le diséléniure de bismuth (Bi₂Se₃) et composés apparentés démontrent des figures de mérite thermoélectriques prometteuses pour la production d'énergie et applications de refroidissement.

Les perspectives technologiques futures comprennent les dispositifs spintroniques, les cristaux photoniques avancés et les architectures de cellules solaires de nouvelle génération. La combinaison unique des propriétés semi-conductrices du sélénium, de sa photoconductivité et de sa versatilité chimique le positionne favorablement pour des technologies émergentes exigeant un contrôle précis des caractéristiques électroniques et optiques.

Développement historique et découverte

La découverte du sélénium marque un moment décisif en chimie analytique du XIXe siècle, illustrant l'approche systématique caractéristique de la méthode scientifique de cette époque. En 1817, Jöns Jacob Berzelius, travaillant à l'Institut Karolinska à Stockholm, rencontra un résidu inattendu en analysant la production d'acide sulfurique à l'usine Gripsholm. Le résidu, initialement pris pour du tellure, présentait des propriétés inexplicables selon les connaissances chimiques existantes.

L'investigation méthodique de Berzelius révéla des différences fondamentales entre cette nouvelle substance et le tellure, notamment dans la coloration des flammes, les caractéristiques de volatilité et les schémas de réactivité chimique. La comparaison systématique mena à la reconnaissance d'un élément inconnu jusqu'alors, que Berzelius nomma sélénium d'après le mot grec « selene » (lune), reconnaissant sa confusion initiale avec le tellure (nommé d'après le mot latin « tellus » pour terre). Cette découverte démontra la puissance de la chimie analytique rigoureuse pour identifier de nouveaux éléments via l'analyse systématique des processus industriels.

La caractérisation chimique précoce durant les années 1820-1840 établit les propriétés fondamentales du sélénium, incluant ses formes allotropiques multiples et ses états d'oxydation variables. Les chimistes reconnurent la position du sélénium dans ce qui deviendra plus tard le groupe des chalcogènes, notant des similitudes avec le soufre et le tellure tout en identifiant des caractéristiques uniques le distinguant des éléments voisins. Le développement de méthodes analytiques systématiques permit la détermination quantitative de la masse atomique et des rapports de combinaison chimique du sélénium.

La fin du XIXe siècle vit la reconnaissance des propriétés photoconductrices du sélénium, avec l'observation en 1873 par Willoughby Smith de la conductivité électrique dépendante de la lumière dans des résistances sélénées utilisées pour les tests de câbles sous-marins. Cette découverte lança des recherches étendues sur les phénomènes photoélectriques, établissant le sélénium comme premier matériau photoconducteur pratique et posant les bases de la technologie optoélectronique moderne.

Les applications industrielles émergèrent au début du XXe siècle avec le développement des redresseurs sélénés pour la conversion d'énergie électrique et des cellules photoélectriques pour la mesure et le contrôle de la lumière. L'invention de la copie xérographique par Chester Carlson en 1938 reposait fondamentalement sur les propriétés photoconductrices du sélénium, créant une application commerciale majeure qui persista pendant des décennies. La Seconde Guerre mondiale accéléra la recherche sur le sélénium pour des applications militaires en électronique, particulièrement en radar et systèmes de communication nécessitant des composants semi-conducteurs fiables.

La chimie moderne du sélénium se développa parallèlement aux progrès de la physique du solide et de la science des matériaux après la guerre. Des techniques de caractérisation sophistiquées révélèrent une compréhension détaillée de la structure électronique, de la chimie cristalline et des propriétés de surface, permettant la conception rationnelle de matériaux sélénés pour des applications spécifiques. La recherche contemporaine continue d'étendre la chimie du sélénium vers la nanotechnologie, la biotechnologie et la science des matériaux avancés, maintenant son importance en développement technologique de pointe.

Conclusion

Le sélénium occupe une position unique dans le tableau périodique qui fait le lien entre comportement non-métallique et semi-conducteur, présentant des propriétés qui ont soutenu sa pertinence technologique depuis les premiers dispositifs photoélectriques jusqu'aux applications nanotechnologiques contemporaines. Sa configuration électronique [Ar] 3d¹⁰ 4s² 4p⁴ établit la base de sa photoconductivité distinctive, ses états d'oxydation variables et ses capacités de formation de composés variés qui le distinguent des autres membres de la famille des chalcogènes.

L'importance industrielle découle du rôle irremplaçable du sélénium en technologie xérographique, en fabrication de verres spécialisés et en applications photovoltaïques émergentes où sa combinaison unique de propriétés électroniques et optiques ne peut être facilement substituée. Son abondance modérée et les méthodes d'extraction établies assurent sa disponibilité continue pour les applications technologiques, tandis que la recherche en cours étend la compréhension de la chimie du sélénium dans les points quantiques, les semi-conducteurs avancés et les applications en science des matériaux.

Les directions futures de recherche comprennent les applications spintroniques, les matériaux thermoélectriques avancés et les architectures de cellules solaires de nouvelle génération où les propriétés du sélénium pourraient permettre des percées technologiques. Sa versatilité à former des composés stables à travers plusieurs états d'oxydation, combinée à ses propriétés nucléaires favorables pour les études isotopiques, positionne le sélénium comme sujet permanent de recherche fondamentale et appliquée en chimie, physique et science des matériaux.

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