Élément | |
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84PoPolonium208.98242
8 18 32 18 6 |
Propriétés de base | |
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Numéro atomique | 84 |
Masse atomique | 208.9824 amu |
Famille d'éléments | Métaloïdes |
Période | 6 |
Groupe | 16 |
Bloc | p-block |
Année découverte | 1898 |
Distribution des isotopes |
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Aucun |
Propriétés physiques | |
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Densité | 9.32 g/cm3 (STP) |
(H) 8.988E-5 Meitnérium (Mt) 28 | |
Fusion | 254 °C |
Hélium (He) -272.2 Carbone (C) 3675 | |
Ébullition | 962 °C |
Hélium (He) -268.9 Tungstène (W) 5927 |
Propriétés chimiques | |
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États d'oxydation (moins courant) | -2, +2, +4 (+5, +6) |
Potentiel de première ionisation | 8.417 eV |
Césium (Cs) 3.894 Hélium (He) 24.587 | |
Affinité électronique | 1.400 eV |
Nobelium (No) -2.33 (Cl) 3.612725 | |
Électronégativité | 2 |
Césium (Cs) 0.79 (F) 3.98 |
Rayon atomique | |
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Rayon covalent | 1.45 Å |
(H) 0.32 Francium (Fr) 2.6 | |
Van der Waals rayon | 1.97 Å |
(H) 1.2 Francium (Fr) 3.48 | |
Composés | ||
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Formule | Nom | État d'oxydation |
CaPo | Polonure de calcium | -2 |
K2Po | Polonure de potassium | -2 |
Li2Po | Polonure de lithium | -2 |
MgPo | Polonure de magnésium | -2 |
PoBr2 | Dibromure de polonium | +2 |
PoCl2 | Dichlorure de polonium | +2 |
PoH2 | Hydrure de polonium | +2 |
Po(NO3)4 | Tétranitrate de polonium | +4 |
PoCl4 | Tétrachlorure de polonium | +4 |
PoI4 | Tétraiodure de polonium | +4 |
PoF6 | Hexafluorure de polonium | +6 |
PoO3 | Trioxyde de polonium | +6 |
Propriétés électroniques | |
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Électrons par couche | 2, 8, 18, 32, 18, 6 |
Configuration électronique | [Xe] 4f14 |
Modèle atomique de Bohr
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Diagramme de la boîte orbitale
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électrons de valence | 6 |
Structure de Lewis en points |
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Visualisation orbitale | |
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Électrons | - |
Polonium (Po) : Élément du tableau périodique
Résumé
Le polonium (Po, numéro atomique 84) représente le premier élément découvert exclusivement par détection radioactive, possédant des propriétés nucléaires et chimiques uniques qui le distinguent de tous les autres éléments connus. Ce métalloïde extrêmement radioactif présente la plus grande radioactivité spécifique parmi les éléments naturels, son isotope le plus courant ²¹⁰Po émettant un rayonnement alpha intense capable de générer suffisamment de chaleur pour maintenir des températures supérieures à 500°C. Le polonium possède une structure cristalline cubique simple inédite chez les éléments, se volatilise à température ambiante et présente une chimie de coordination originale avec des états d'oxydation +2 et +4 stables. Ses propriétés nucléaires exceptionnelles, combinées à sa position dans le groupe des chalcogènes, créent une combinaison unique de caractère métallique et d'effets d'auto-échauffement radioactif qui influencent fondamentalement son comportement chimique ainsi que ses applications pratiques dans les générateurs thermoélectriques à radioisotopes et les sources de neutrons.
Introduction
Le polonium occupe la position 84 dans le tableau périodique, représentant le chalcogène naturel le plus lourd avec une configuration électronique [Xe] 4f¹⁴ 5d¹⁰ 6s² 6p⁴. Ce métalloïde radioactif constitue un lien entre les chalcogènes stables et les éléments transuraniens, démontrant des propriétés chimiques reflétant à la fois sa structure électronique du bloc p et son instabilité radioactive extrême. La découverte du polonium par Marie et Pierre Curie en juillet 1898 marqua la première identification d'un élément par des méthodes purement radioactives, extraite de minerai d'uranium (pechblende) grâce à des techniques de fractionnement systématiques. L'élément présente une instabilité nucléaire remarquable avec ses 42 isotopes connus, tous subissant une désintégration radioactive principalement par émission alpha, générant des champs de rayonnement intenses capables d'induire une luminescence bleue dans les molécules d'air environnant. Sa position de pénultième produit dans la série de désintégration de l'uranium-238 confirme son rôle fondamental dans les processus radioactifs naturels, tandis que sa radioactivité spécifique extraordinaire (environ 5 curies par milligramme) crée des environnements thermiques et chimiques uniques influençant profondément son comportement physique et sa chimie de coordination.
Propriétés physiques et structure atomique
Paramètres atomiques fondamentaux
Le polonium possède un numéro atomique 84 avec une configuration électronique caractéristique [Xe] 4f¹⁴ 5d¹⁰ 6s² 6p⁴, plaçant quatre électrons dans la sous-couche p externe. Il présente des masses atomiques comprises entre 186 et 227 Da selon ses isotopes, ²⁰⁹Po possédant la demi-vie la plus longue (124 ans), tandis que ²¹⁰Po est la forme la plus courante (demi-vie de 138,376 jours). Les calculs de charge nucléaire effective indiquent un effet d'écran significatif des sous-couches 4f et 5d remplies, produisant des rayons atomiques comparables à ceux du bismuth et du plomb environnants. La configuration p⁴ incomplète permet plusieurs états d'oxydation, les ions Po²⁺ et Po⁴⁺ présentant des géométries de coordination et transitions électroniques caractéristiques. Les tendances énergétiques d'ionisation suivent les prévisions périodiques, bien que leur détermination expérimentale précise soit difficile en raison de la rareté des échantillons et des complications induites par le rayonnement.
Caractéristiques physiques macroscopiques
Le polonium présente une apparence métallique argentée qui noircit rapidement dans l'air en raison d'oxydations chimiques et de réactions induites par radiation. Il cristallise sous deux formes allotropiques : la forme alpha adopte une structure cristalline cubique simple unique avec un groupe spatial Pm3̄m et une arête de cellule unitaire de 335,2 picomètres, étant le seul élément connu à adopter cette géométrie sous conditions normales de température et de pression. La forme beta présente une symétrie rhomboédrique observée à température élevée. Ses propriétés thermiques incluent un point de fusion à 254°C (527 K) et un point d'ébullition à 962°C (1235 K), valeurs incertaines en raison des difficultés de mesure liées à la radioactivité intense et à la volatilité de l'élément. Les mesures de densité indiquent environ 9,2 g/cm³ pour la forme alpha, mais l'échauffement induit par radiation provoque une dilatation thermique affectant ces déterminations. L'élément est extrêmement volatil, avec 50 % d'un échantillon se vaporisant à 55°C en 45 heures, formant des molécules diatomiques Po₂ en phase gazeuse.
Propriétés chimiques et réactivité
Structure électronique et comportement de liaison
La réactivité chimique du polonium découle de sa configuration p⁴, permettant les états d'oxydation +2 et +4 stables via des mécanismes de perte ou de partage d'électrons. Le +2 prédomine en solution aqueuse, formant des ions Po²⁺ roses qui s'oxydent rapidement sous rayonnement en espèces jaunes Po⁴⁺. Sa chimie de coordination préfère les géométries octaédriques et tétraédriques, avec des nombres de coordination variant de 2 dans les poloniures simples à 6 dans les oxyanions complexes. Les liaisons covalentes montrent une polarisation notable due à la charge nucléaire effective élevée, produisant des longueurs et énergies intermédiaires entre caractères ioniques et covalents purs. L'élément forme des liaisons stables avec l'oxygène, le soufre et les halogènes, créant des composés allant des poloniures ioniques avec des métaux électropositifs à des structures plus covalentes avec des non-métaux. Les schémas d'hybridation suivent des configurations sp³d² dans les complexes octaédriques et sp³ en environnement tétraédrique.
Propriétés électrochimiques et thermodynamiques
Le comportement électrochimique du polonium reflète sa position intermédiaire entre caractère métallique et non-métallique, avec une électronégativité estimée à 2,0 sur l'échelle de Pauling. Les potentiels de réduction standards indiquent que les transitions Po⁴⁺/Po²⁺ surviennent à environ +0,65 V, tandis que la réduction Po²⁺/Po se produit à -0,76 V en conditions standards. Les énergies d'ionisation successives suivent les tendances attendues, avec une première énergie d'ionisation d'environ 812 kJ/mol et une seconde de 1800 kJ/mol, valeurs limitées par la disponibilité des échantillons. Les mesures d'affinité électronique suggèrent des valeurs modérées cohérentes avec les chalcogènes, permettant une formation stable d'anions en environnement fortement réducteur. Les calculs thermodynamiques indiquent que la plupart des composés de polonium possèdent des enthalpies de formation positives par rapport aux éléments constitutifs, reflétant l'énergie élevée nécessaire pour rompre la liaison métallique du polonium élémentaire. La chimie redox en divers milieux démontre un comportement dépendant du pH, l'hydrolyse devenant significative au-delà de pH 4 et la formation de complexes dominant à pH plus bas.
Composés chimiques et formation de complexes
Composés binaires et ternaires
Le polonium forme une série étendue de composés binaires montrant des tendances systématiques de stabilité et de structure. Les oxydes incluent PoO (noir), PoO₂ (jaune pâle, densité 8,94 g/cm³) et PoO₃, le dioxyde étant la forme la plus thermodynamiquement stable en conditions ambiantes. La chimie des halogénures englobe l'ensemble des composés PoX₂ et PoX₄, notamment l'hexafluorure unique PoF₆ qui adopte une géométrie moléculaire octaédrique. La stabilité thermique diminue avec l'augmentation du numéro atomique de l'halogène, reflétant les tendances énergétiques des liaisons cohérentes avec les différences d'électronégativité. Les composés chalcogénures (PoS, PoSe, PoTe) présentent des structures cristallines en couches typiques des chalcogènes lourds. La classe de composés la plus stable comprend les poloniures métalliques (Na₂Po, CaPo, BaPo) qui montrent un caractère ionique et une haute stabilité thermique. L'hydrure PoH₂, liquide volatil, subit une décomposition thermique au-delà de la température ambiante via des mécanismes radicalaires initiés par radiation alpha.
Chimie de coordination et composés organométalliques
La formation de complexes de coordination se produit facilement en solution aqueuse et non aqueuse, le polonium montrant une affinité pour les atomes donneurs d'oxygène et d'azote. La complexation par acides organiques s'avère particulièrement efficace, les acides oxalique, citrique et tartrique formant des chélates stables à des valeurs de pH proches de 1. Les géométries complexes varient de structures tétraédriques pour Po(IV) à des environnements octaédriques en solvants fortement coordonnants. La chimie organométallique reste limitée en raison de la rupture des liaisons induite par radiation, bien que des composés R₂Po aient été caractérisés avec des systèmes aromatiques résistants aux radiations. Les organopolonium présentent trois types structuraux principaux : R₂Po à géométrie linéaire, Ar₃PoX en arrangement tétraédrique et Ar₂PoX₂ avec coordination plane carrée. Les effets du champ ligand créent des transitions électroniques caractéristiques observables en spectroscopie de solution, mais la radiolyse rapide limite les études spectroscopiques. Les nombres de coordination rarement supérieurs à six résultent des contraintes stériques dues aux rayons ioniques élevés et à la décomposition des ligands induite par radiation.
Présence naturelle et analyse isotopique
Distribution géochimique et abondance
Le polonium présente une abondance naturelle extrêmement faible, environ 0,1 mg par tonne métrique de minerai d'uranium, soit environ 1 partie par 10¹⁰ par rapport à la composition crustale. Sa distribution naturelle est liée aux dépôts d'uranium et de radium, les isotopes de polonium se formant par désintégrations successives dans la série de l'uranium-238. Son comportement géochimique volatil permet son transport atmosphérique, entraînant une distribution étendue mais à niveaux traces dans la biosphère. Les concentrations dans les fruits de mer varient du nanogramme au microgramme par kilogramme, tandis que les plantes de tabac accumulent le polonium via dépôt atmosphérique et absorption racinaire. Le cycle environnemental implique une désintégration alpha vers des isotopes stables du plomb, créant des concentrations en équilibre dynamique avec les taux de désintégration de l'uranium. Les associations minérales incluent les minerais primaires d'uranium (pechblende, carnotite, uraninite), mais le polonium n'apparaît jamais en tant que constituant minéral principal en raison de son instabilité radioactive.
Propriétés nucléaires et composition isotopique
Le polonium englobe 42 isotopes connus couvrant des masses de 186 à 227, tous instables radioactivement par divers modes de désintégration. L'isotope le plus stable, ²⁰⁹Po, présente une demi-vie de 124 ans par émission alpha, tandis que l'isotope courant ²¹⁰Po se désintègre par émission alpha (demi-vie de 138,376 jours), émettant des particules alpha d'énergie 5,30 MeV. La composition isotopique naturelle inclut neuf isotopes (²¹⁰Po à ²¹⁸Po) présents dans la série de désintégration de l'uranium. L'émission alpha domine les processus de désintégration, ²¹⁰Po produisant environ 5 000 fois plus de particules alpha par unité de masse que le radium. L'émission gamma accompagne environ une désintégration alpha sur 100 000, avec des énergies maximales atteignant 803 keV. Les sections efficaces nucléaires pour les interactions neutroniques montrent des valeurs significatives pour la production isotopique via irradiation du bismuth. La radioactivité spécifique atteint des niveaux exceptionnels, un milligramme de ²¹⁰Po générant environ 5 curies d'activité et 140 watts d'énergie thermique par absorption des particules alpha.
Production industrielle et applications technologiques
Méthodes d'extraction et de purification
La production moderne de polonium repose principalement sur l'irradiation neutronique de cibles de bismuth-209 en réacteurs nucléaires, produisant ²¹⁰Po via des processus successifs de capture neutronique et de désintégration bêta. Les installations russes produisent environ 100 grammes annuellement grâce à des plannings d'irradiation soigneusement contrôlés optimisant le rendement tout en gérant l'exposition radioactive. L'extraction historique à partir de minerais d'uranium naturels nécessitait le traitement de grandes quantités de résidus de pechblende, la plus grande extraction documentée ayant isolé 9 mg à partir de 37 tonnes de déchets de traitement du radium. Les techniques de purification combinent précipitation chimique, extraction par solvant et dépôt électrochimique, adaptées pour gérer les champs de radiation intenses. La chromatographie d'échange ionique sépare efficacement le polonium des contaminants bismuth et plomb, tandis que les techniques de distillation exploitent sa volatilité unique. Les coûts de production restent extrêmement élevés en raison des exigences de manipulation spéciale, des mesures de radioprotection et de la rareté des réacteurs disponibles pour l'irradiation des cibles.
Applications technologiques et perspectives futures
Les générateurs thermoélectriques à radioisotopes (RTG) constituent l'application principale du polonium, exploitant son rayonnement alpha intense pour générer de la chaleur convertie en électricité. Les missions spatiales inclurent l'alimentation des rovers Lunokhod soviétiques (1970-1973) et divers satellites Cosmos depuis 1965, démontrant fiabilité en environnements extrêmes. Les applications militaires historiques utilisèrent des sources de neutrons polonium-béryllium dans les "initiateurs en oursin" du Projet Manhattan. La génération neutronique résulte du bombardement du béryllium par particules alpha, produisant 93 neutrons par million d'alphas dans des mélanges Po-BeO optimisés. Les dispositifs antistatiques exploitent l'ionisation de l'air par les particules alpha pour neutraliser les charges électrostatiques industrielles. Les usages en laboratoire incluent des études de traçage radioactif et des démonstrations éducatives des principes de désintégration. Les perspectives futures restent limitées par les contraintes de production et de radioprotection, bien que des applications spécialisées émergent dans la recherche en physique nucléaire et les programmes spatiaux.
Développement historique et découverte
La découverte du polonium par Marie et Pierre Curie le 18 juillet 1898 marqua un tournant décisif dans l'évolution de la radiochimie et de la physique nucléaire. Leur étude systématique du minerai d'uranium (pechblende) révéla des fractions radioactives non attribuables à l'uranium ou au radium connus, menant à l'isolement de deux nouveaux éléments radioactifs : le polonium et le radium. Le nom "polonium" choisi par Marie Curie honorait sa patrie, la Pologne, alors partitionnée entre les puissances européennes et privée d'indépendance politique. La méthode de découverte établit les principes fondamentaux de la chimie radioanalytique moderne, incluant l'identification et la purification des éléments basées sur l'activité radioactive, techniques toujours pertinentes en chimie nucléaire actuelle. Les recherches ultérieures révélèrent son statut d'élément naturel découvert uniquement par ses propriétés radioactives, contrairement aux méthodes chimiques ou spectroscopiques traditionnelles. La compréhension scientifique progressa grâce aux travaux d'Ernest Rutherford (caractérisation des désintégrations alpha) et d'Otto Hahn (analyse isotopique). Son rôle dans le développement des premières armes nucléaires et technologies spatiales illustre la transition des découvertes fondamentales aux applications technologiques sur plusieurs décennies de recherche nucléaire.
Conclusion
Le polonium incarne un élément unique dans le tableau périodique, combinant radioactivité extrême et propriétés physico-chimiques distinctes en tant que chalcogène naturel le plus lourd. Sa structure cristalline cubique simple reste sans équivalent, tandis que sa radioactivité spécifique exceptionnelle génère un auto-échauffement influençant profondément sa chimie et ses conditions de manipulation. Sa découverte par détection radioactive établit les bases de la chimie nucléaire moderne, et ses applications en générateurs thermoélectriques et sources neutroniques démontrent sa pertinence technologique continue. Les recherches futures visent à explorer les relations avec la chimie des éléments superlourds, développer des matériaux résistants aux radiations pour la manipulation et étudier des applications médicales en thérapie alpha ciblée. Sa rareté et sa radioactivité extrême assureront que son étude détaillée restera complexe, nécessitant des avancées continues en techniques analytiques spécialisées et méthodologies de radioprotection.

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